/image%2F1017369%2F20161017%2Fob_fe7b5d_13558859-10154281677320786-91072338699.jpg)
/image%2F1017369%2F20170105%2Fob_746c8e_dsc05763.JPG "Vivre, Voir, Aimer, Bouger.")
Petite escapade au Saguenay pour les fêtes
Published on January 13 2015
Notre voyage en vidéo !
Pendant mes plus jeunes années, la période des fêtes rimait avec un Noël familial mlant sapin et palmiers sous le doux soleil d'hiver de la Méditerranée. Les déplacements de chacuns, éparpillés aux quatres coins du globe, ne permettent pas toujours d'obtenir une convergence adéquate, il faut alors user d'artifices technologiques pour mimer notre cocon, à grand renfort de calculs de fuseaux horaires et de bidouillage d'écrans d'ordinateur.
C'est dans ce contexte que nous avons été plus que ravis d'avoir, bien présent à nos côtés, de la belle visite d'Espagne : un chef chilien vivant au rythme de la folle vie barcelonaise, qui a décidé de braver froid et tempte pour rejoindre son frère en terre québecoise. Pendant que nos amis sont loins des températures négatives à tomber les gants et bonnets pour se laisser toaster dans le Sud, quoi de mieux qu'un invité spécial pour redonner une énergie nouvelles à nos , et prendre le temps et le plaisir de lui faire découvrir notre "exotisme" local, histoire de se rappeler l'unicité de cet hiver polaire que nous critiquons tant.
Pas question de rester en ville - brune et sale - nous prenons donc le large, courageusement, vers le Nord, là où le blanc brille plus blanc et le froid brulant anesthésie notre langueur... Oui, en direction de la belle région du Saguenay - qui malgré sa désertion en termes de baleines (qui ont bien raison d'aller hiberner ailleurs), a bien de nombreux plaisirs à offrir à ses visiteurs hivernaux désireux de sensations sauvages.
Alors que notre route s'amorce, quelle n'est pas notre perplexité de constater la quasi absence de couverture blanche sur nos rues et troittoirs secs et craquants, parsemés de déchets tourbillonants emportés par le souffle glacial du vent. Cette année, étonnament, la neige n'est pas encore au rendez-vous, et nous nous sentons presque obligés de justifier cette absence singulière à notre visiteur, à qui nous avions promis les larges bordées de neige et leurs ballets de déneigeuses affairées. Cependant, nous prendrons ainsi une route bien dégagée avec une certaine tranquillité automnale, et ce n'est qu'après avoir dépassé la ville de Québec que nous serons enveloppés par les abords neigeux du Parc de la Jacques Cartier, que nous traversons sous un soleil éclatant.
Quelques heures plus tard nous voilà foulant le sol de Chicoutimi, lui aussi nu et brut à l'exception des larges surfaces verglassées qui miroitent ça et là. Les abords du fjord nous permettent de contempler le doux écoulement des eaux froides qui cherchent encore leur point de congélation avant de pouvoir former de larges plaques glacées flottant au grè du courant du Saint-Laurent.
C'est elle qui abritera notre première nuitée saguenéenne. À une grosse demi-heure de Chicoutimi et perché en amont de l'anse du village de Sainte-Rose du Nord, ce large site accueille une dixaine de petits chalets en bois rond qui offrent chacuns plusieurs chambres rustiques privées et confortables, disposant d'une belle vue sur les alentours.
La lumière est éclatante, le site merveilleusement bien placé, et nos sourires radieux. Nous profitons de ce premier arrt pour respirer l'air frais du fjord, et commencer a se détendre, loin de la ville et de ses contrariétées.
quelques pas des habitations, un petit chemin sinueux - et affreusement glacé - nous mènera jusqu'à la bâtisse principale où l'on retrouve un restaurant et un bar offrant une vue panoramique à couper le souffle sur le fjord, que nous découvrirons au petit matin.
Nous devons déjà partir pour notre destination suivante, et nous profitons des derniers instants magiques de ce petit bijou aux abords du fjord.
Nous croisons sur le retour un chenil, où nous déciderons de ne pas infliger de fardeau supplémentaire aux pauvres bêtes hurlant à la mort, imaginant mal leurs petites pattes meurtries sur la glace cassante que la fonte de neige et le froid on laissé.
Reputée pour sa culture et son agréabilité estivale, le petit village de Sainte-Rose du Nord vaut également le coup d'oeil en hiver. Situé à quelques kilomètres de la fameuse "Route de Tadoussac", lové au creux d'une anse, il bénéficie de magnifiques points de vue ou se confrontent d'épaisses plaques de glace stagnantes avec les eaux vives du fjord.
Nous voila près pour notre deuxième étape, au sein du Parc du Saguenay. Nous avons devant nous une demi-douzaine de kilomètres à parcourir chaussés de nos raquettes pour rejoindre notre camp rustique pour la nuit. C'est une initiation à la raquette pour notre invité qui vient du soleil, et une reprise pour mon pied fracturé il y a quelques mois, nous avions donc élu un parcours accessible et peu accidenté.
Le Parc étant fermé l'hiver, nous commençons les premiers kilomètres sur une large route un peu monotone recouverte d'une neige grinçante, jusqu'à rejoindre la véritable entrée du Parc.
Une fois arrivés au sein du Parc en lui-meme, du coté de la Baie Sainte-Marguerite, nos efforts seront recompensés par de jolis points de vue sur le fjord glacé. Nous empruntons le Sentier du Fjord, qui longe du haut des falaises, le Saguenay, de la Baie Sainte-Marguerite jusqu'à Tadoussac en pas moins de 47 kilomètres !
La lumière du jour se fond doucement sur l'horizon désertique de cette toundra glacée. Nous sommes les seuls chanceux pour admirer ses reflets irisés sur les étendues nacrées. De nombreux points de vue rythment les derniers kilomètres du sentier, offrant chacun son lot d'émerveillement sur cette univers calme et tranquille, paisible et profond, envoutant et glacial, qu'est le fjord hivernal. Là encore, se mêlent les eaux liquides et solides sur lesquelles le soleil s'efface.
Une belle marche recompensée par un refuge divinement bien placé dans son cocon de sapins surplombant le fjord. Normalement prévu pour 8 personnes, nous serons les seuls à l'occuper pour cette nuit. Un feu qui crépite et nous réchauffe, quelques chandelles pour garder ses repères, et la neige qui se décide à tomber délicatement dehors. Notre chef cuisinier ne sera pas arreté par l'absence d'électricité pour nous régaler.
Le reveil est délicieux au sein de cet havre de simplicité et de nature. Le feu ronronne mollement, et nos yeux entrouverts devinent déjà le duvet immaculé des alentours, résultat de l'inlassable amoncellement de flocons depuis la veille.
Nous quittons à regret notre abri pour reprendre le chemin du retour. Nous parcourons le même sentier, qui pourtant semble métamorphosé suite à la lourde couche blanche qui amortie moelleusement nos pas et magnifie la canopée environnante.
C'est fatigués et ravis que nous rejoingnons finalement notre véhicule, qui lui aussi a subit les effets du recouvrement neigeux.
Nous voilà de retour à la civilisation reprenant la route en direction de Tadoussac, où nous avons reservé une nuit dans la fameuse "Eau Berge" de jeunesse, en pleine ébullition pour la mise en place de leur célèbre - et déjanté - "Parté du Jour de l'An". Nous partagerons donc notre court sejour comme seuls clients parmi une ribambelle de bénévoles hippies barbus aux cheveux longs - et à l'hygiène douteuse. Les repas y sont invariablement pris de manière conviviale et communautaire o chacun doit mettre la main a la pâte. Après deux jours un tantinet rustiques, je soupçonne nos deux latinos d'être ravis de profiter d'une bonne bière artisanale.
Pas de baleines ? Qu'à cela ne tienne, nous amorçons la petite ascension d'une colline surplombant la Baie de Tadoussac, que nous découvrons dans toute sa béauté frigorifiée. Nous marcherons jusqu'à rejoindre les larges dunes saupoudrées de glace. Notre grand plaisir de découverte de cet horizon blanc et bleu désertique et sauvage sera légèrement teinté d'inconfort du à l'incroyable négativité de la température dont les puissantes rafales de vent ardent mirent douloureusement à l'épreuve nos visages transis, et nos extrémités paralysées.
Après quelques heures de route, notre dernière étape sera la ville de Québec dont nous amorçons la visite par les incontournables Chutes de Montmorency, les plus hautes de la provinces - et qui dépassent de 30 mètres celles du Niagara s'il vous plait ! Peu abondantes à cette période de l'année, les chutes arborrent un mélange déferlant d'eau tonique et de blocs de glace figés dans un fracas d'écume toniturant. Paresseux et frileux de gravir les presques 500 marches verglassées qui permettent une vue latérale imprenable, nous traversons finalement le pont qui les enjambe. Nous bénéficions d'une vue magnifique sur l'horizon semi-glacé et sur les eaux puissantes.
Le coeur et les yeux emplis de sensations sauvages et polaires, il faut maintenant penser à combler adéquament nos estomacs qui l'ont bien mérité. Guidés par une connaisseuse hors-paire, nous nous délecterons de brunchs gastronomiques, de nachos indecemment gratinés et dégusterons les bières locales.
Un dernier passage obligé par la vieille ville et son imposant Chateau de Frontenac avant de rentrer chez nous. Les garçons ne résisteront pas à une petite descente en traineau malgré le froid incroyable. Un rapide détour par la basse ville, et hop, c'est parti pour Montréal !
C'est la fin de notre petit séjour des fêtes, notre invité doit s'en retourner (chanceux) dans sa contrée hispanique douce et tempérée...Nous devons revenir à notre quotidien urbain et affronter notre hiver qui ne fait que commencer, mais comme à chaque fois, nous rêvons déjà à nos prochaines aventures...
