Un feeling de Caraïbes en Outaouais : Canot-Camping familial au Lac des 31-Milles

Alors que nous croulions encore sous la neige de Février, rêvant de tropiques inexplorées, je réservais minutieusement un emplacement de canot-camping dans le Lac des 31-Milles dont j'avais beaucoup entendu parlé, et dont les eaux turquoises constituaient une forte incitation à l'évasion.

Fidèle à mon habitude, j'avais étudié en détail le choix de tous les sites de camping, et je jetais mon dévolu sur le site numéro 19, accueillant 3 à 4 tentes, se situant entre 5 et 8 km des différentes mises à l'eau, mettant à notre disposition une petite plage sablonneuse, et présentant une orientation parfaite pour observer le coucher du soleil. BINGO !

Quelques liens pour faciliter votre organisation :
- Carte interactive
- Carte statique
- Tableau sommaire de tous les sites de camping

Plusieurs mois plus tard, nous voilà rendu au long week-end de la Fête du Travail, excité de cette nouvelle aventure qui s'offre à nous.

Le Lac des 31-Milles n'est clairement pas la porte d'à-côté, et pour pouvoir profiter sans pression du séjour, nous partons de Montréal dès la veille afin de se réveiller pas trop loin du parc et avoir le temps d'équiper nos canots et de parcourir les quelques kilomètres qui nous séparent du site.

Nous avions envisagé d'utiliser notre kayak gonflable pour le séjour, mais le peu d'espace disponible sur l'embarcation nous en dissuada rapidement lorsque nous commençâmes à lister tous les équipements que nous allions transporter. Par chance, nous avons pu bénéficier du prêt d'un canot d'un ami qui nous évita la location qui revenait bien dispendieuse pour les 4 jours prévus.

Nous nous lançons donc sur la route, et nous passerons notre nuit d'escale dans une yourte sommaire mais très confortable (avec de petites toilettes chimiques et un petit foyer à l'intérieur) à moins d'une heure de notre mise à l'eau à Bouchette. La yourte se trouve sur un grand terrain avec d'autres possibilités d'hébergements (dôme, roulotte) et quelques jeux pour les enfants, ainsi que des poules !

Le lendemain nous rejoignons le centre d'accueil du Lac des 31-Milles du secteur Bouchette et nous mangeons au coquet (et pas très kids friendly) restaurant "L'Huile d'Olive" qui présente une belle vue sur le lac et nous permet de prendre un dernier repas raffiné avant notre escapade rustique.

Vue de la terrasse du restaurant

C'est alors que commence le ballet des canots qui quittent les toits pour rejoindre les eaux houleuses du lac, et la danse des sacs, tentes et glacières qui y sont habilement déposés en tenant compte de la répartition du poids.

Une fois notre canot, rempli de notre équipement, fut lesté de notre poids à nous trois, le bord de l'embarcation se retrouva dangereusement proche de la surface de l'eau, agitée par la mise à l'eau concomitante de nombreuses embarcations motorisées (petite déception de ce point de vue, car la présence de jet-ski et autres bateaux bruyants brise un peu la perspective d'évasion recherchée dans un tel endroit).

Une tentative de quelques mètres de pagayage confirma que nous étions tout simplement trop chargés pour naviguer ainsi, et nous eumes la chance de pouvoir laisser une partie de notre stock dans l'embarcation de nos amis afin de pouvoir commencer la traversée.

Nous n'avions pas plus de 5K à parcourir pour rejoindre notre site, nous permettant de découvrir au passage des zones et recoins beaucoup plus calmes du lac avec très peu de bateaux à moteurs, dévoilant à la découpe franche des multiples îles des hauts-fonds translucides incroyables dans des tons verts et turquoises.

Alors que quelques mètres nous séparent de l'île ou nous élirons domicile pour les trois prochaines nuits, nous découvrons ses alentours paisibles, et la petite plage privée bucolique de laquelle nous aurons le plaisir de pouvoir nous prélasser à loisir. L'eau claire striée par les rayons de soleil sur ses ondulations dévoile une rive sablonneuse accueillante parsemées de quelques algues. 

Nous abordons à cette rive avec le coeur léger, et nous n'avons qu'une hâte, celle de se plonger avec insouciance dans cette piscine naturelle impeccable.

S'ensuit alors la tâche de l'installation de notre campement, les tentes sont montées et, très important, nous attachons notre hamac à une position stratégique au bord de l'eau, permettant de traduire la sensation de flotter au dessus des vagues lorsqu'on s'y étend. Nous avons apporté notre tente North Face Kaiiju 4 qui nous offre toujours des nuits paisible, et nous avons récemment complété notre confort nocturne par un épais matelas double compact.

Il est agréable de cuisiner tranquillement à l'aide du feu et nos de réchauds. La fin de cette journée est copieusement éclaboussée par des éclats solaires orangés qui baignent toute la rive ouest de notre île et nous regarderont tranquillement s'intervertir les astres dans le ciel orange, puis fushia, puis indigo. Un tapis d'étoile s'offre alors à nous.

Au réveil, le soleil est de retour et je me paie le luxe d'une petite grasse-matinée lovée dans le hamac. Nous profiterons de la matinée pour nous baigner et explorer un peu avec les enfants les petits sentiers traversant l'île et permettant de découvrir de nouveaux panoramas dignes des calanques méditerranéennes (il ne manquait que les cigales!).

(oui, on ne peut jamais rester très longtemps tranquille en solo dans le hamac)

Nous profiterons de la matinée pour nous baigner et explorer un peu avec les enfants les petits sentiers traversant l'île et permettant de découvrir de nouveaux panoramas dignes des calanques méditerranéennes (il ne manquait que les cigales!).

Tel qu'annoncé, une grosse tempête se profila ensuite au large, pour se rapprocher et engloutir toute notre île sous une abondante averse traversée d'orages. Heureusement, nous avions pris notre tente moustiquaire qui offre un petit espace au sec convivial sous lequel nous passerons les quelques heures de l'intempérie. Pas de coucher de soleil ce soir-là, tant le ciel était nuageux.

La journée suivant se déroule avec une lenteur délicieuse propice à une rêverie des vacances sans lendemain. Nous dorons au soleil, nous nageons dans les eaux émeraudes translucides, nous faisons un peu de paddle. Les enfants jouent sans relâche avec chaque batôn qui devient une canne à pêche improvisée, et sont parfaitement en phase avec les éléments qui les entourent.

Chaque jour, une navette "maritime" motorisée passe aux abords des sites de canot-camping et permet de se ravitailler en bois et en glace. Vraiment très pratique et agréable ! Il suffit d'accrocher à la petite pancarte de l'emplacement un sac vide pour que le bateau fasse un arrêt. Malgré une forte demande des utilisateurs, renouvellées par notre groupe, pas encore de livraison de bières ou crèmes glacées..!

Qui ne tente rien n'a rien, pourquoi pas une petite sieste dans le hamac ? (spoiler alert : ce fut un échec total).

Nous nous régalons des repas gourmets que nous avions planifiés, notamment de petites pizzas naan au feu de bois dignes d'un grand restaurant italien (et j'exagère à peine !).

La dernier coucher du soleil est un bouquet final incroyable qu'on ne se lassera pas de contempler, face à l'infini beauté cosmique de ces volutes orangées et violacées. Tout est tellement simple quand la Nature nous offre sans détour son incroyable spectacle quotidien.

Le lendemain c'est le jour du grand départ ! Tout se qui a été monté sera démonté, et la valse des sacs reprends jusqu'aux embarcations. Nous profiterons d'être portés par le courant pour faire une petite pause entre deux îles dans un havre de paix à l'eau turquoise, ou les petits s'en donnèrent à coeur-joie et sauterons joyeusement dans l'eau pour se dégourdir les jambes, "encore, encore!", jusqu'à lassitude des progéniteurs.

Nous rentrons chez nous avec la sensation d'avoir vécu un ailleurs unique, une vague d'exotisme en plein Outaouais, une dose de Caraîbes qui fait chaud a coeur pour faire face à l'hiver qui sera à nos portes dans quelques mois.

Au final, nous retiendrons ce lieu magnifique et ses eaux émeraudes dans nos favoris pour le canot-camping, et les seuils bémols se situent dans sa distance de Montréal (environ 3h45-4h) et au niveau de la présence de (trop) nombreuses embarcations motorisées lors de la mise à l'eau (mais cela s'oublie vite une fois que l'on quitte le débarcadère car le lac est si grand).